Publié dans Média

Carbone 14, la radio bête et méchante

Aujourd’hui la corneille veille sur l’ouverture des radios libres en France qui aura été un événement marquant de l’histoire des médias dans le pays. Elle a eu lieu dans les années 1980 et a permis l’émergence d’un paysage radiophonique plus diversifié et démocratique.

Avant cette ouverture, le paysage radiophonique en France était largement contrôlé par l’État, à travers l’Office de Radiodiffusion Télévision Française (ORTF). La diffusion des radios privées était strictement réglementée, limitée à un petit nombre de stations autorisées et sous un contrôle étroit.

Toutefois, avec l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand en 1981, un mouvement en faveur de la liberté d’expression et de l’accès aux médias s’est développé. Le 29 juillet 1981, une loi a été adoptée, appelée « Loi sur la liberté de communication », également connue sous le nom de « Loi Léotard », du nom du ministre de la Culture de l’époque, François Léotard. Cette loi a ouvert la voie à l’émergence des radios libres en France. Elle a notamment aboli le monopole de l’État sur les ondes, permettant ainsi aux radios privées de voir le jour. Dès lors, de nombreuses associations et collectifs se sont mobilisés pour créer des radios indépendantes, locales et associatives.

Cependant, il a fallu encore quelques années avant que ces radios libres puissent réellement émettre, car le processus d’attribution des fréquences n’a pas été simple. Les premières radios libres ont commencé à émettre de manière illégale, essentiellement depuis des émetteurs pirates, en prenant le risque d’être saisis par les autorités.

Finalement, en 1983, le gouvernement a décidé de régulariser la situation en lançant un appel à candidatures pour l’attribution des fréquences aux radios locales associatives. Ce processus a permis à un grand nombre de radios libres de se légaliser et d’obtenir des fréquences officielles.

L’ouverture des radios libres a profondément modifié le paysage médiatique français. Elle a permis une plus grande diversité des contenus radiophoniques, donnant la parole à des acteurs locaux et associatifs, et favorisant ainsi la pluralité des voix. Certaines de ces radios libres sont toujours en activité aujourd’hui et continuent de jouer un rôle essentiel dans l’information et la culture au niveau local.

En résumé, l’ouverture des radios libres en France dans les années 1980 a été rendue possible grâce à la « Loi sur la liberté de communication », mettant fin au monopole étatique sur les ondes et favorisant l’émergence de radios indépendantes, locales et associatives, contribuant ainsi à une plus grande liberté d’expression dans le paysage radiophonique français.

Retour sur Carbone 14 avec l’un de ses fondateurs…

Mais aussi, le podcast Affaires sensibles y revient avec de bien belles anecdotes.

Publié dans Média

A France Inter, “des chantiers dans tous les sens” après le départ de Patrick Cohen

Le départ de Patrick Cohen de France Inter, annoncé la semaine dernière, est un peu l’arbre qui cache la forêt : son remplacement par Nicolas Demorand et Léa Salamé annonce une cascade de changements dans les programmes de la station pour la rentrée de septembre.

A quoi France Inter ressemblera-t-elle à la rentrée ? Pour l’heure, bien malin qui pourrait le dire. Car depuis que Patrick Cohen a officialisé son départ pour Europe 1, la station est en mode redéfinition. « Il y a des chantiers dans tous les sens », confie une voix de l’antenne. Comme au jeu des dominos, il suffit d’un seul pion renversé pour bouleverser l’ordre établi. Nicolas Demorand prend, avec Léa Salamé, la suite du matinalier ? Il faut le remplacer à la présentation de l’émission politique le dimanche (à condition qu’elle demeure en l’état…), et du lundi au jeudi de 18 à 20 heures. La logique, ici, voudrait que son joker officiel et parfaite doublure, Mickaël Thébault, reprenne au moins en partie le flambeau. Mais le mercato a d’autres principes, à commencer par celui qui consiste à profiter de chaque occasion qui se présente pour réétudier son jeu.

L’interactivité au cœur des projets

Ainsi Laurence Bloch a-t-elle décidé qu’Un jour dans le monde (18-19h) avait peut-être vécu. La directrice de France Inter « se pose la question » de conserver une « tranche exclusivement internationale », a-t-elle expliqué au Monde. Avec Jean-Marc Four, le directeur de la rédaction, elle devra cependant composer avec Frédéric Carbonne, de retour de Washington — qui pourrait être intéressé. A l’inverse, un certain nombre de journalistes ont envie de traverser l’Atlantique pour aller l’y remplacer : huit candidats au poste de correspondant aux Etats-Unis (pas tous issus d’Inter) ont postulé! Marc Fauvelle, le présentateur du journal de 8 heures, aurait caressé l’idée. Mais alors qu’il n’aurait pas refusé de devenir le nouveau matinalier de la station, il pourrait être tenté par l’une des deux cases de fin de journée : 18-19, ou 19-20, qui inclut l’incontournable Téléphone sonne. L’interactivité reste, dans le jeu de Laurence Bloch, une carte maîtresse. Tous les producteurs à qui elle a demandé de réfléchir à de nouveaux projets, ainsi que les postulants extérieurs qui toquent à la porte, devront en tenir compte.

Charline Vanhoenacker devrait rester

Le reste de la journée a des chances d’évoluer aussi, mais au moins les auditeurs sont-ils certains de retrouver Nagui, Jean Lebrun ou encore Mathieu Vidard — Laurence Bloch l’a affirmé au Monde. Elle devrait également garder auprès d’elle Augustin Trapenard et Sonia Devillers — dont les rendez-vous successifs cartonnent le matin —, et n’aura pas besoin de retenir Charline Vanhoenacker et ses acolytes Vizorek et Meurice. L’humoriste belge lui a très vite confirmé son désir de rester dans le giron d’Inter. Pas question pour elle de suivre à Europe 1 le duo Frédéric Schlesinger (ex-numéro 2 de Radio France) – Emmanuel Perreau (ex-numéro 2 de France Inter), qui avaient pourtant parié sur elle à leur arrivée, il y a trois ans, en lui confiant Si tu écoutes, j’annule tout (17h), ainsi que la très exposée pastille de 7h55. S’il n’est pas encore certain que le premier soit remplacé, Laurence Bloch cherche un successeur au second. En attendant d’avoir, vraisemblablement, à déplorer le départ pour Europe 1 d’un chroniqueur, ou d’un humoriste…

Nouveaux rendez-vous en fin de semaine

Le week-end est lui aussi l’objet d’un grand chambardement. Pierre Weill et Patricia Martin ne devraient plus présenter la matinale des samedi et dimanche. Peut-être au profit d’Ali Baddou, aujourd’hui titulaire d’une interview le vendredi à 7h50, également pressenti pour le fameux 18-20 de la semaine. Patricia Martin s’est vue proposer une émission de deux heures en journée, une sorte de rendez-vous culturel doté d’invités et de chroniqueurs (mais rien n’est acté, et une présence plus modeste dans la matinale n’est pas encore complètement écarté). Laurence Garcia et Brigitte Patient seront-elles de ce nouveau rendez-vous? Leurs émissions (Dans tes rêves, le samedi à 23h10 et Regardez voir, le dimanche à 23h15) devraient en effet s’arrêter, tandis que Les Savanturiers (16h) de Fabienne Chauvière changerait d’horaire. Etat d’esprit (le dimanche à 22h) semble condamnée, mais Noëlle Bréham continuera de piloter Les Ptits bateaux. En revanche, si L’esprit d’Inter (le dimanche à 16h) est également arrêtée, son présentateur, Mathias Deguelle, devrait quitter la station. C’est également le sort qui attend Edouard Zambeaux qui, depuis douze ans, mettait les Périphéries et leurs habitants au coeur de la radio de service public (après des années de programmation le dimanche en milieu de journée, on pouvait l’entendre cette saison chez Claire Servajean, dans le 18-20 du vendredi).

Trois ans après la mise en place d’une grille de programmes entièrement renouvelée, chaleureusement accueillie par le public, France Inter est au bord d’un nouveau big bang.

Source

Publié dans Média

La radio est en deuil, Pierre Bouteiller a tiré sa révérence

Pendant plus de trente ans, à France Inter et à France Musique, il a animé des émissions mythiques qui ont séduit par leur liberté, leur humour et leur exigence..

Pierre Bouteiller en 1971
Pierre Bouteiller en 1971 © Radio France

Enfance et adolescence nomades

Son père faisant carrière à la Banque de France, la famille le suit partout dans son périple : Angers (ou elle est né en 1934), Rennes, Le Havre, Marseille, Sedan, Limoges… Pierre Bouteiller et son frère, grands auditeurs de la radio, deviennent des passionnés de musique et pratiquent tous les deux le piano. Mais Pierre Bouteiller trouve le solfège « assommant » et choisit d’être un pianiste dilettante.

Venu à Paris, il entreprend des études de psychologie à la Sorbonne. Avec un petit groupe d’amis, il écoute assidûment l’émission d’Europe 1 Pour ceux qui aiment le jazz.

Il répond à une petite annonce de la station et présente sa candidature pour un concours, la Coupe des reporters : il remporte le concours, ex æquo avec Philippe Labro en 1958. Tous deux gagnent le droit d’être stagiaires au « journal parlé ». A l’époque, la rédaction d’Europe 1 est dirigée par Maurice Siégel et Jean Gorini. Pierre Bouteiller a pour collègues Jacques Paoli, Julien Besançon, Georges Fillioud, Guy Claisse et André Harris. Petit à petit, il se spécialise dans les sujets culturels. En 1968, il anime une émission culturelle quotidienne : Je sors pour vous. Il sera renvoyé quelques mois plus tard après avoir diffusé un gag dans lequel Henri Tisot imite le général de Gaulle.

Et il assume : « Il faut être viré régulièrement »

Roland Dhordain l’embauche alors à France Inter. Nous sommes en octobre 1969. Dans la décennie qui suit, il présentera plusieurs émissions quotidiennes : Embouteillage, Le magazine de Pierre Bouteiller, Au bénéfice du doute, Comme de bien entendu. Son équipe repère les nouveaux talents de la scène artistique des années 1970.

Le 45 tour édité pour l'occasion
Le 45 tour édité pour l’occasion © Radio France
De 1981 à 1982, il part à la télévision où il est nommé directeur des variétés de TF1. De retour à la radio en 1982, il présente sur France Inter, Le Masque et la Plume, et succède ainsi à François-Régis Bastide. Il entend alors élargir les thèmes de l’émission à la chanson, la mode et la musique. Il le racontait à l’occasion des 40 ans de l’émission.
Jérôme Garcin, François-Régis Bastide, Michel Polac et Pierre Bouteiller
Jérôme Garcin, François-Régis Bastide, Michel Polac et Pierre Bouteiller © Radio France

En 1989, il laisse les rênes du Masque et la plume à Jérôme Garcin. On est sous le mandat du PDG de Radio France Jean Maheu ; il devient directeur des programmes de France Inter (jusqu’en 1994). A la tête d’Inter, on lui doit notamment le retour de Bernard Lenoir sur la chaîne. Pierre Bouteiller donne sa chance à Laurent Ruquier qui crée Rien à cirer. C’est aussi l’époque de Synergie de Jean-Luc Hees, de la chouette bande de Gérard Lefort avec l’émission : Passées les bornes, il n’y a plus de limite.

1996, l’année du changement

Après sept ans à la Direction des programmes de la station, il est remplacé en juin par Jacques Santamaria.

Une bonne nouvelle pour les auditeurs qui retrouvent en septembre celui qui entra à France Inter en 1969, sa voix, son érudition, son humour et son célèbre « bonjour ».

Chaque matin à 9h, s’ouvre Quoi qu’il en soit, un magazine culturel, dont le générique est un écho du tropisme de Pierre Bouteiller pour le jazz : Tide d’Antônio Carlos Jobim

Générique qui habillera plus tard l’émission l’émission Si bémol et fadaises qu’il présentera sur TSF Jazz.

En 1999, nouveau changement à Radio France : le CSA élit Jean-Marie Cavada à la présidence de la radio. Cavada nomme Pierre Bouteiller à la direction de France MusiqueS. C’est Pierre Bouteiller qui ajoute un S au nom de la station. Il réorganise l’antenne et y reste jusqu’en 2004.

Sur la page source, de nombreuses archives sonores…